Chokri El Ouaer fait certainement parti de ces plus grands gardiens de l’histoire du football africain et tunisien. Comparé souvent à l'autre immense icone nationale, Sadok Sassi (Atouga) comme le meilleur gardien tunisien de tous les temps, El Ouaer a toujours su s'imposer comme le numéro UN durant toute sa carrière. Retour sur l'immense histoire nationale et internationale de ce joueur
La Tunisie a toujours possédé des grands gardiens par le passé, des gardiens, qui ont su marqué leurs générations par leurs talents et leurs longévités. De Sadok Sassi (116 sélections), Mokhtar Naili, Nacer Chouchane, Boubaker Zitouni, Ali Boumnijel, ou plus actuellement Aymen Balbouli, Chokri El Ouaer garde, lui, un style de gardien différent, très fort sur sa ligne et excellent en face à face, ils ne sont pas nombreux les attaquants à avoir pu rivaliser au duel avec celui qui fut surnommé Chokri.
Ses débuts à l’Espérance Sportive de Tunis
Né le 15 août 1966 (53 ans), c’est au club de Bab Souikha que Chokri El Ouaer commença sa carrière de footballeur. Il a gravit peu à peu les échelons, passant par les équipes de jeunes avant d’arriver en équipe professionnelle pour la saison 1985-1986. Doté d’une grande force de caractère, de courage et d’abnégation, il ne perd pas de vue son rêve de grande carrière, travaille d’arrache pied et fait face à la concurrence de Nasser Chouchane, qui était sur la fin de sa carrière, et de l’excellent gardien sénégalais Cheikh Seck, avec qui, il a beaucoup apprit, avant de s’imposer au sein du club comme titulaire indiscutable.
La confirmation et le début d’une grande carrière
Déjà vainqueur de beaucoup de trophées nationaux avec l’Espérance, alors présidé par un certain Slim Chiboub, avec deux doublés en 1989 et 1991, c’est qu’en 1993 que son talent se dévoile au grand public avec des magnifiques performances sur au niveau international. Profitant du départ du Cheick Seck au Stade Tunisien en 1992, il gagna la Coupe des Clubs Champions en 1993 et réédita sa performance en Coupe des clubs champions d’Afrique en 1994 face au Zamalek d’Egypte. Après un match nul (0-0) à l’aller, l’EST a réalisé un grande victoire (3-1) au retour avec un doublé de feu, Hedi Berrkhissa (Balha).
Sous les ordres du technicien tunisien Faouzi Benzarti, il gravit très vite les échelons et devient incontestablement le portier numéro un du championnat tunisien.
Une grande gloire à l’Espérance dans les 90 jusqu’à 2000
Devebu une machine à titres sur le plan local sous les ordres d’un Slim Chiboub, El Tarajji fait de Chokri El Ouaer son homme fort pour atteindre ses ambitions illimitées.
Vainqueur de la coupe Afro-asiatique des clubs, en 1995, ou la coupe des Coupes africaine en 1998, l’équipe remporte dix titres de champion de Tunisie, dont sept successifs entre 1998 et 2004. El Ouaer a remporté aussi beaucoup de distinctions individuels, en étant nommé, par exemple, meilleur gardien de la la coupe des clubs champions arabes.
Ses excellentes performances ne l’ont pas empêché de vivre quelques désillusions, notamment, en coupes africaines, avec deux échecs de suite en finale de la CAF LDC en 1999 et 2000. Le joueur avait version de se lancer un dernier chalenge, 15 ans après son arrivée en équipe première de l’Esperance.
En 2001, il tente alors une expérience en Italie, en série B, au Genoa FC de l’italien et ex sélectionneur de la Tunisie, Francesco Scoglio. Son aventure tourne très court ou le portier tunisien ne dispute que six petits matchs avec le club de Gênes.
Chokri El Ouaer fait son com-back à son club de toujours, l’Espérance un an après, et dispute une dernière saison sous les couleurs des sang et or. Souffrant de problèmes récurrents de dos, il remporte un dernier trophée de championnat en 2002 et dit adieu à son empire de tous les temps.
Une expérience internationale frustrante
Chokri El Ouaer a découvert les Aigles de Carthage en 1990 à l’age de 24 ans. Il grimpe les échelons très vite et se retrouve dans la liste de Youssef Zouaoui à la CAN 1994. Cette participation se fût un grand échec et la Tunisie est éliminée dès les phases de poules.
Après cet échec cuisant de 1994, les dirigeants tunisiens ont nommé le sélectionneur franco-polonais Henry Kasperzcak, qui va bousculer énormément cette équipe. A la CAN 1996 en Afrique du Sud, il appelle une nouvelle génération de joueurs à l’instar de Kais Ghodhban, Imed Ben Younes, Khaled Badra ou Mounir Boukadia, tout en gardant les éléments expérimentés de l’équipe, comme Zoubeyer Baya, Adel Sellimi et l’incontournable Chokri El Ouar. Ce dernier s’illustre en héros national durant la phase finale, notamment en quarts de finale face au Gabon, en arrêtant deux penaltys et en inscrivant le penalty vainqueur.
Malgré un excellent parcours et une finale perdue (2-0) face au pays organisateur l’Afrique de Sud, la jeune équipe tunisienne a marqué toute une nation et laissera à jamais d’excellents souvenirs de leur participation africaine.
Chokri El Ouaer enchaîna ensuite, une participation aux JO 1996 à Atlanta avec une grande partie de la génération 96, ou l’équipe Tunisienne arrache un petit nul au dernier match (1-1) face aux argentins de Daniel Ortega. A la coupe de monde 1998 en France, vingt ans après une première participation en 1978, la Tunisie de Chokri El Ouaer livre une compétition très frustrante. Malgré un rendement monstrueux face à l’Angleterre d’Alain Shearer, les aigles de Carthage se contentent d’un point en trois matchs. Cette compétition internationale restera ancrée à jamais dans les mémoires du monde entier, tant le gardien tunisien a sorti des miracles face à l’armada anglaise. Le tunisien était sacré meilleur gardien de ce premier tour de la CDM 1998. Le portier participera à la coupe d’Afrique des Nations 2000 organisée par le Ghana et le Nigéra, la sélection terminera 4e après une défaite en match pour la 3e place (2-2 ap, 4-3 tab) face encore une fois aux Bafana Bafana.
Malheureusement pour lui, une vilaine et récurrente blessure au dos l’a empêché de disputer le mondial en 2002, et il était contraint de laisser sa place au portier Ali Boumnijel …
UN PERSONNAGE ATYPIQUE
Durant sa carrière, Chokri El Ouaer s’est illustré par ses performances sportives mais aussi par une personnalité atypique et imposante. Il possédait un fort charisme qui faisait de lui un meneur d’homme naturel. Malgré quelques épisodes parfois confuses durant sa carrière, il gagnait ses duels grâce à sa réputation et également ses parades extraordinaires. Son énorme carrière et sa forte personnalité ont fait de lui une légende du football tunisien et africain.
Aujourd’hui retraité depuis 2002, Chokri El Ouaer intervient encore sur les plateaux de télé, en tant que chroniqueur ou il décrypte l’actualité du football tunisien. Il a notamment travaillé au sein de la direction de l’Espérance de Tunis. Il reste et restera l’un des meilleurs footballeurs tunisiens de tous les temps …