Club Africain, le jour d’après …

Le Club Africain traverse sans discontinuer les zones de turbulence et les crises financières.. Abdessalem Youns, à la tête d'un bureau quasi absent depuis des mois, est plus que jamais contesté et isolé. La messe semble dite pour lui et son départ est une question de quelques semaines ...

Une direction aux abonnés absents

Élu en juin 2018 en grande pompes à la tête du Club Africain pour quatre ans, le président Abdesslem Younsi essaie, tant bien que mal, de résister à la pression qui l’entoure, mais pour encore combien de..jours ?

Sur une liste de 11 membres élus, trois démissions sont déjà actées : Il s’agit de Tarek El Asmi, Taoufik Ben Samir et Majdi Hassen. Trois départs qui sont précédés par d’autres abandons qui, bien qu’avérés, n’ont pas dépassé le stade officieux : Sahar El Mechri et le très contesté Majdi Khelifi. Ce désarroi au sein du bureau directeur actuel n’est pas anodin et reflète une situation de crise profonde. L’étau se resserre autour de Abdesslem Younsi et beaucoup de supporteurs attendent sa démission avec impatience… L’immobilisme du président, qui dure depuis des mois, face aux très nombreux dysfonctionnements, a fini par générer une bronca au sein du public clubiste, position relayée à travers la presse, les sites internet, les réseaux sociaux. L’apathie chronique de Younsi  et sa fuite en avant sont les signes d’un management indigne d’une institution sportive de l’envergure du Club Africain , qu’il importe de diagnostiquer au plus vite, avant qu’il ne fasse couler le bateau. Ces départs successifs au sein du bureau et ces « turnovers » incessants au sein de la direction actuelle, inquiètent beaucoup le peuple clubiste, qui n’a désormais qu’une seule question au bout des lèves : Mais qui dirige (encore) le Club Africain ?

Une situation financière désastreuse

Les décisions d’interdictions de recrutement s’empilent sur le bureau du secrétaire général du Club, et malgré les énormes efforts consentis par les supporteurs ayant permis d’effacer près de 6 millions de dinars de l’ardoise, le club de Beb Jedid fait encore et toujours face à une multitude de dossiers de la part des commissions de litiges de la FIFA. La dette reste énorme (Voir le PDF élaboré par le FTF) et le plus dur reste à venir. Le CA devra désormais lutter pour sa survie.. L’heure est très grave.

L’OM (transfert de Saber Khelifa), l’ex technicien italien Marco Simone et son staff, l’attaquant congolais Fabrice Ondoma, sans oublier les affaires à venir pour Mokhtaer Belkither, voire pour Bassirou Compaoré pour ne citer que eux, sont des litiges qui pèsent très lourd et qui menacent l’avenir du Club Africain. Certains parleront de lourd passif, d’autres de mauvaises appréciations, mais une chose est sûre aujourd’hui : cette direction n’a ni la compétence juridique, ni les moyens financiers pour porter encore à bout de bras cette grande institution et ne pourrait, en aucun cas, assumer ses responsabilités dans un contexte de plus en plus insoutenable…

N’oublions pas que d’autres questions demeurent sans réponses, nous pourrons en citer quelques unes : le match face au Hellas Verona , les 6 points perdus « indignement », les recrues « exotiques » du dernier mercato, le « flou » autour du départ de Ghazi Ayadi, la grève des joueurs, la communication quasi absente sur les médias du club et beaucoup d’autres sujets très inquiétants.

En conclusion, une malveillance financière et administrative qui n’est pas du tout pour rassurer sur l’avenir d’un club qui fête son centenaire.. Et l’addition est, chaque jour, de plus en plus corsée…

Abdesslem Younsi, seul contre vents et marées

Si beaucoup d’observateurs se posent la question sur les éventuelles issues juridiques de cette crise, rappelons que selon les statuts du Club, et en cas de désistement d’un membre élu (pour démission par exemple), le « reste » du bureau peut désigner un nouveau membre pour le remplacer, mais en aucun cas, il n’y a « obligation » d’appeler à une assemblée générale élective pour faute de quorum. Donc, vous l’avez bien compris, Abdesslem Younsi pourrait continuer la présidence du Club Africain jusqu’à la fin de son mandat. Juridiquement, il est dans son droit le plus total, mais éthiquement, l’étau se resserre autour de lui, et il risque de se trouver dans l’impasse si d’autres défections se succèdent

Ces derniers jours, les multiples sorties médiatiques « politiquement correctes » du secrétaire général ou de l’avocat du Club Africain, n’ont pas eu l’effet escompté.. Au contraire, elles n’ont fait qu’empirer la situation de cette direction.. Et c’est à se demander comment Younsi pourrait résister à l’écrasante pression qui l’entoure.. Tout porte à croire que le compte à rebours est lancé et que les jours du président soient désormais comptés …

La suite se prépare déjà ?

Personne n’ignore que l’ex premier ministre Youssef Chahed est un fervent supporter du Club Africain, et qu’il se verrait bien jouer un rôle important pour sauver son club de cœur. L’idée pouvait paraître farfelue il y a encore quelques mois, au vu des ambitions politiques de l’ancien candidat aux dernières élections présidentielles en Tunisie, mais elle peut faire son bonhomme de chemin dans quelques jours…

Certains penseront, face à l’entêtement d’un Younsi de plus en plus seul, que c’est une utopie de le voir mettre fin à cette mascarade. D’autres, seront moins étonnés de voir se concrétiser une passation en douceur à la tête du club de Beb Jedid. Rappelons que le Club Africain a toujours attiré les convoitises et a joué un rôle politique considérable dans le pays, de part sa riche histoire et surtout le poids socio-médiatique de ses supporteurs. Le « peuple clubiste » est capable de porter un Slim Riahi, encore méconnu en Tunisie il y a quelques années, jusqu’aux plus hautes sphères politiques du pays…Comme il est capable de le pourchasser comme un mal propre, s’il ne respecte pas l’histoire du rouge et blanc et le standing du club.

Si le rêve le plus doux de Youssef Chahed était de devenir président de la Tunisie, rien ne l’empêche de mettre tout en œuvre pour aider le Club Africain. L’homme est très intelligent et connait très bien les coulisses du pouvoir …

D’après nos informations, beaucoup de personnalités très proches du club de Beb Jdid ont déjà entamé les concertations et les choses risquent de s’accélérer dans les jours qui viennent. La connexion Chahed-Jarii pourrait se mettre vite en évidence et accélérer le départ de Abdesslem Younsi, via une assemblée générale élective en bonne et due forme. Si ce dernier ne pourrait pas s’engager dans un bras de fer, reste à savoir maintenant, avec qui et comment Youssef Chahed pourrait passer à l’action ? Si le nom de Marouan Hammoudia évoque des bons souvenirs pour certains supporteurs, ce jeune responsable a déclaré récemment qu’il n’était pas intéressé par la présidence du Club Africain …

Proche de Youssef Chahed, « Ettasiriya » (Le comité provisoire) serait prête à mettre la main dans la main avec l’ex-premier ministre pour redresser le chemin du Club Africain … Une relation de win-win pour les deux parties

L’avis de Kais Yaâkoubi, l’enfant du cru

Homme de grande culture, ayant entraîné dans plusieurs pays, « l’enfant du Club Africain« , Kais Yaakoubi, conserve un style qui lui est propre pour faire le constat de la situation actuelle du CA et se projeter sur la suite des événements « Soyons honnêtes avec nous-mêmes, la situation est très grave, beaucoup de clubs dans le monde sont passés par des circonstances similaires (Palerme, Parme, Bastia …), et les conséquences peuvent s’annoncer très périlleuses pour l’avenir du club … ». Concernant sa vision de la futur période, il rajoute » Je pense que la page Abdesslem Younsi est belle et bien tournée … Un vaste projet de sauvetage devrait unir toutes les forces clubistes, sans exclusion. Parmi les points prioritaires de ce projet, je vois : la transparence la plus totale sur la situation financière du club, la compétence et la fiabilité des dirigeants, et l’élaboration et la mise en place d’un plan de paiement échelonné avec tous les protagonistes … »

Sur le volet sportif, le « coach » Yaakoubi appelle à revenir aux valeurs et à l’identité du Club Africain  » Il faut revenir à l’essentiel avec l’équipe première. Tous les clubs du monde passent par des crises pareilles. Maintenant, il faut faire le tri dans l’effectif actuel, faire partir les gros salaires ou les joueurs qui ne se sentent pas impliqués dans ce projet et compter uniquement sur ceux qui adhèrent à cette nouvelle politique. Le salut du Club Africain doit passer par son centre de formation et ses jeunes pépites. Il faut être transparent avec les supporteurs et travailler sur un programme d’assainissement sportif. L’avenir nous dira si cette crise aura été un mal pour un bien, en attendant je ne vois pas d’autres solutions ….« 

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En conclusion, même si les supporteurs clubistes redoutent un scénario à la Slim Riahi, où sport et politique se mêleraient à nouveau, les rouges et blancs sont conscients que la situation actuelle ne peut pas supporter d’autres divisions. Seul un rassemblement des grandes compétences clubistes pourrait mettre fin à ce cauchemar. Ceci peut paraître impossible ? Heureusement que ce mot n’est pas encore entré dans le dictionnaire du Club Africain,