INTERVIEW : Jamel Saihi « Être privé de Coupe du Monde sur le fil est forcément frustrant…»

L'international tunisien et champion de France 2012 avec Montpellier, Jamel Saihi, se livre à Ettachkila sur sa situation actuelle, son parcours avec le MHSC et sa relation avec la Tunisie. INTERVIEW.

ETTACHKILA. Bonjour Jamel, beaucoup de gens demandent de tes nouvelles depuis ton départ du SCO d’Angers en 2017…

JAMEL SAIHI. Bonjour à vous et merci pour l’invitation. Pour revenir à mon départ du SCO (Angers), en arrivant au club en toute fin de mercato estival, je signe un contrat d’un an plus une année en option en cas de maintient et d’un certain nombre de matchs joués. Les raisons de mon départ sont toutes simples : le club n’a pas souhaité lever l’option vu que je n’ai pas joué suffisamment ( 6 ou 7 matchs ). J’ai la malchance de me blesser au mauvais moment puis l’équipe a enchaîné des résultats positifs durant mon absence du coup mon incorporation n’était plus essentielle aux yeux du staff.
Le petit regret est qu’en fin de saison, une fois les objectifs de maintient obtenus, le staff ne m’a pas réintégré dans le groupe afin d’avoir une visibilité. Les clubs potentiellement intéressés par mon profil pour la saison suivante étaient donc refroidis à l’idée de recruter un joueur pas fiable physiquement, alors qu’en réalité, j’étais à la disposition du coach et en pleine forme physique plus de 7 mois de l’année..

🎙 L’INTERVIEW | Rendez-vous ce mercredi pour l’#interview exceptionnelle avec Jamel #Saihi, l’ex international tunisien…

Publiée par Ettachkila Media sur Lundi 14 septembre 2020

ETTACHKILA. À 30 ans, arrêter de jouer au football professionnel, ça doit être terrible pour le grand compétiteur que tu étais ?

JAMEL SAIHI. Je n’ai toujours pas annoncé officiellement l’arrêt de ma carrière professionnelle (rires) Suite à mon départ du SCO, j’ai décidé de changer de conseillers après une collaboration de plus de 12 ans. J’ai été pas mal sollicité sans pour autant avoir un projet sportif intéressant. Ça peut paraître difficile d’être à l’arrêt à 30 ans mais il faut relativiser et se dire qu’une carrière Pro s’arrête un jour ou l’autre, à 30, 35 voire 40 ans pour les plus chanceux ! J’ai quand même eu la chance d’avoir pu évoluer dans le haut niveau plus de 10 ans, d’être devenu International, de gagner un titre majeur (Champion de France 2011/12, ndlr).
Après c’est sûr que quand tu es compétiteur, tu veux toujours aller plus haut plus loin mais malheureusement quand tu rentres dans la trentaine avec des clubs qui doutent de ton état physique, (je peux le comprendre si l’on regarde seulement les stats), les portes se ferment petit à petit…

ETTACHKILA. Revenons sur tes débuts, tu fais tes classes de formation avec Prunet et Laverune. Tu te souviens toujours de ces premiers passages ?

JAMEL SAIHI. Je me souviens de mes débuts au Mas Prunet à l’âge de 8 ans puis à Laverune (Banlieue de Montpellier) deux ans plus tard .
À cet âge là, j’évoluais au poste de meneur de jeu voire attaquant. Même si on jouait à un modeste niveau, j’étais déjà surclassé et étais décisif avec les plus grands. On était une bande de copains et on prenait énormément de plaisir à jouer ensemble. Un éducateur, Jean-Yves Rubio, a été une personne déterminante durant ce passage.. Il nous emmenait à l’entraînement, aux matchs , aux déjeuners etc… comme ferait un père avec ses fils. Puis lors d’une détection, j’ai tapé à l‘œil du MHSC qui m’a recruté en tant qu’attaquant à l’âge de 12 ans.

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Le titre de 2012 reste et restera le plus beau souvenir de ma carrière car c’est un grand exploit que nous avons réalisé..

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ETTACHKILA. Ensuite, tu rejoins Montpellier et tout s’enchaîne en 2007 (face au Tours FC). Raconte nous tes premiers pas avec le MHSC ?

JAMEL SAIHI. Entre 12 et 14 ans je suis en pré-formation puis j’intègre le centre de formation. À ce moment, je suis repositionné en milieu défensif et à partir de l’âge de 15 ans, je joue régulièrement avec les plus grands. J’ai eu la chance d’avoir des formateurs de qualité (Laurey, Lippini, Der Zakarian ou Printant pour ne citer qu’eux) et je fais mon premier match en Professionnel face à Tours en 2007 dans un contexte assez particulier, car le club jouait sa survie en Ligue 2 à ce moment là.
Je signe mon premier contrat Pro à l’issue de cette saison et du maintient assuré en deuxième division. À cette époque là, faire confiance aux jeunes joueurs était plus difficile d’autant plus en deuxième division. Lors de ma première saison en Pro avec l’arrivée de Roland Courbis, je fais quand même 36 matchs. Et malgré une saison honorable, nous n’avons pas atteint l’objectif de la montée.

ETTACHKILA. Le titre de champion en 2012 restera certainement le meilleur souvenir de ta carrière, surtout que te permet de disputer la CL dans la foulée !

JAMEL SAIHI. Le titre de 2012 reste et restera le plus beau souvenir de ma carrière car c’est un grand exploit que nous avons réalisé. Tu as plus de chance de gagner des titres en étant dans un club comme Paris, Marseille ou Lyon. C’est ce qui fait qu’on savoure un petit peu plus ce titre !
Découvrir l’année qui suit là Champions League, qui plus est pour moi avec mon club formateur, était une grande fierté

ETTACHKILA. Jamel, comment tu évalues ton aventure (neuf ans) avec Montpellier ?

JAMEL SAIHI. Presque une décennie passée dans le même club c’est très honorable. Puis en ayant joué sur tous les tableaux ( Ligue 2, le maintient en Ligue 1, Finale de coupe de la ligue, le titre, la Ligue des Champions etc…) je me rends compte qu’au final les saisons passent vite. Je retiens de très bons moments passés malgré quelques pépins physiques qui ont freiné ma progression…

Je n’ai pas de regret quant au fait d’avoir fait toute ma carrière en France..

ETTACHKILA. Tu as fait toute ta carrière en France, tu n’as pas eu l’occasion d’aller découvrir un autre championnat ? Si oui où ? et pourquoi ça ne s’est pas concrétisé ?

JAMEL SAIHI. Je n’ai pas de regret quant au fait d’avoir fait toute ma carrière en France. J’aurais peut-être pu partir à un moment ou un autre mais le timing n’était pas bon.. Je progressais saison après saison au MHSC et l’idée ne m’a pas traversé l’esprit .

ETTACHKILA. Quels sont les joueurs qui t’ont marqué en Ligue 1 ? Ceux avec ou contre qui tu as joué ? (Des tunisiens en particulier 😀 )

JAMEL SAIHI. J’ai eu la chance de côtoyer beaucoup de très bons joueurs en Ligue 1. (Eden) Hazard à ses débuts était assez phénoménal, un peu comme (Eduardo) Camavinga aujourd’hui.. Zlatan aussi et j’en oublie sûrement. Pour les joueurs tunisiens, Issam Jemaa a passé de très belles saisons en France tout comme Saber Khlifa à ses débuts en Ligue 1…

ETTACHKILA. Parlons de ton lien avec la Tunisie et de ta première sélection…

JAMEL SAIHI. Mon père est originaire de la région de Kasserine. Malheureusement ces dernières années je n’ai pas eu l’occasion d’y aller mais j’ai régulièrement des nouvelles par mon père qui vit aussi à Montpellier. Choisir la sélection tunisienne n’a pas été un choix difficile car j’avais déjà évolué avec l’équipe Junior avant d’intégrer les A.
J’ai connu ma première sélection en A en novembre 2008 face au Ghana et lors de mon match face aux Pays-Bas où j’ai la chance d’inscrire mon 1er but. J’ai été vite et bien intégré par Humberto Coelho..

ETTACHKILA. Tu démarres la sélection en 2009 avec Humberto Coelho, tu te souviens de ton premier match (et ton premier but au passage) avec les aigles de Carthage ?

JAMEL SAIHI. Je dispute les CAN 2012 et 2015 et je compte une vingtaine de sélections. L’équipe Nationale n’était pas stable à ce moment. J’ai dû connaître 4 ou 5 coachs durant ma carrière internationale. J’avais une très bonne relation avec tous les supporters tunisiens qui espéraient beaucoup de moi. Malheureusement, certaines blessures ont influé sur ma carrière internationale.
Il ne faut pas avoir de regrets mais une Coupe du Monde se joue tous les 4 ans, donc c’est sûr qu’être éliminé sur le fil en 2010 est forcément décevant mais disons que ça fait partie du football…

As-tu des regrets d’avoir choisi la Tunisie, et en particulier après ce qui s’est passé aux qualifications de la CDM 2010 ?

JAMEL SAIHI. C’est du passé.. Aujourd’hui je suis très content que l’équipe ait pu se qualifier pour la dernière édition en faisant des matchs honorables contre de belles nations du football mondial

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En Tunisie, il y a beaucoup de jeunes talents et j’espère que de plus en plus d’entre eux évolueront dans les meilleurs championnats afin de maintenir assez haut le niveau l’Équipe Nationale.

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ETTACHKILA. Tu as aussi joué avec beaucoup de grands noms du football tunisien, est-ce qu’il y a un joueur qui t’a impressionné ?

JAMEL SAIHI. Youssef Msakni était quand même exceptionnel balle au pied..J’aurai aimé le voir évoluer en Europe car je pense qu’il en avait largement le niveau…
Je ne vais pas citer tous les bons joueurs avec lesquels j’ai pu jouer car il y en a eu, mais en Tunisie il y a beaucoup de jeunes talents et j’espère que de plus en plus d’entre eux évolueront dans les meilleurs championnats afin de maintenir assez haut le niveau l’Équipe Nationale..

ETTACHKILA. Comment tu évalues la carrière d’Elyes Skhiri, un joueur qui a beaucoup de points communs et de similitudes avec toi ?

JAMEL SAIHI. Élyes, j’ai vu son début de carrière. Tout comme moi à Montpellier, c’est un milieu complet qui a une progression constante et qui, je pense, dans 2 ou 3 ans fera partie des meilleurs à son poste s’il suit cette progression. Il a fait un bonne saison en Allemagne et j’espère qu’il en fera une meilleure cette année.

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Aujourd’hui je profite de ma vie d’après footballeur et ne me suis pas fixé d’objectifs d’après-carrière.

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ETTACHKILA. Suis-tu toujours le football tunisien ? Comment tu évalues les dernières sorties de la sélection ?

JAMEL SAIHI. Il y a plus de stabilité ces dernières années en sélection qui fait partie des meilleures nations africaines aujourd’hui. Des joueurs partent et d’autres arrivent et je pense qu’il y a assez de joueurs compétitifs pour remplir les différents objectifs (Coupe d’Afrique, CDM)

ETTACHKILA. Songes-tu à revenir dans le milieu du foot avec une reconversion ou tu feras autre chose ?

JAMEL SAIHI. Même si je ne suis plus acteur, je suis régulièrement le football en France et à l’étranger. Aujourd’hui je profite de ma vie d’après footballeur et ne me suis pas fixé d’objectifs d’après-carrière pour le moment…

ETTACHKILA. Un dernier mot pour tous les supporters « tunisiens » qui te suivent ?

JAMEL SAIHI. Je souhaiterai les saluer et les remercier pour toute l’énergie qu’ils ont pu me donner et pour leurs messages d’encouragement durant toutes ces années. Même s’il y a eu quelques absences, j’espère qu’ils ont pu prendre du plaisir à me voir jouer avec mon club et en Équipe Nationale.

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